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Guinee: Télécommunications, la Sotelgui ou le fleuron qui s’est vite fané !

La société des télécommunications de Guinée, Sotelgui traverse une crise liée à plusieurs années de mauvaise gestion. Cette société, créée le 2 juin 1992 par l’Etat guinéen pour promouvoir et développer les services de télécommunications, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les clés ont été mises sous le paillasson et le service stoppé net. Sur les raisons de la fermeture de la boite et les démarches entreprises depuis, nous avons rencontré les structures mises en place suite à la crise que traverse la sotelgui pour en savoir davantage.

Quelques mois après que la Sotelgui a fermé ses portes, beaucoup se demandent ce qui s’est réellement passé pour que cette société étatique de télécommunication en arrive là. Mais à sa création déjà en 1992, l’Etat avait donné la compétence à une société malaysienne pour la gestion de la Sotelgui pour un contrat de dix ans.
Son nom, Télécom Malaysia Berhad qui, de 1992 à 2007, a employé 500 travailleurs. Elle détenait 60 pour cent des actions contre 40 pour cent pour l’Etat guinéen avec un directeur général malaysien et un directeur général adjoint guinéen. Et de l’avis des travailleurs, tout marchait bien à cette époque puisque la société avait deux grandes compétences à savoir la téléphonie du réseau fixe et la licence de la téléphonie GSM ou téléphonie mobile même si l’objectif visé à l’époque par l’Etat qui était la couverture de tout le territoire ne fut pas atteint.

La demande était plus grande que l’offre ce qui a occasionné une surenchère au niveau de la vente des puces GSM qui ont été achetées un moment jusqu’à 1 million de francs guinéens à cause du manque de réglementation de la vente des puces. Et en 2005, le divorce fut consommé entre Télécoms Malaysia Berhad et l’Etat guinéen et aussitôt la gestion confiée par la loi N°018 du 8 septembre 2005 aux cadres locaux guinéens. De grands projets sont lancés pour l’extension du réseau national au niveau des réseaux GSM et câble et la Sotelgui passe alors à 523 360 abonnés GSM contre 26 016 au réseau câble.

Des projets qui n’ont pas été suivis et qui ont été arrêtés à mi chemin. La société n’a jamais pu réaliser la couverture totale du territoire malgré le départ des Malais et la gestion locale. Une gestion locale qui a vu les problèmes aller crescendo à cause de la pléthore de travailleurs, les nominations fantaisistes et surtout la corruption. Un cocktail explosif qui a enregistré tout récemment deux grands mouvements qui ont conduit à la fermeture pure et simple de la Sotelgui.

Tout d’abord, le mouvement du 23 Avril qui est parti d’un manque de paiement des primes des travailleurs depuis deux ans et le retard des salaires de ces mêmes travailleurs. La vente ayant exponentiellement baissé, la direction ne communicant pas et le syndicat ne réagissant pas, les travailleurs ont décidé de se faire entendre à travers un groupe. Une plateforme revendicative fut élaborée et remise aux autorités.

N’ayant pas eu gain de cause, le second mouvement qui est celui du 6 juin vit le jour. Et là, le mouvement s’est élargi à toute la sotelgui y compris les agences de l’intérieur du pays. La marche fut orientée vers la Primature pour que l’Etat guinéen à travers le ministère de tutelle puisse leur expliquer ce qui se passe. Reçus par le premier ministre Mohamed Saïd Fofana, les travailleurs ont été priés de reprendre leur travail et que des dispositions seraient prises à l’avenir. Depuis, plus rien.

Un silence que certains travailleurs de la Sotelgui qualifient de silence coupable. C’est le cas de Bangoura Ibrahima Fabien, du service marketing à la Sotelgui. ‘’ Malheureusement, depuis notre rencontre avec le Premier ministre, c’est le statuquo. Les sites sont arrêtés depuis le 26 avril 2012 pour les agences de l’intérieur et depuis le 7 août pour Conakry ville. Face à tous ces problèmes, nous considérons que ce silence est un silence coupable de l’Etat mais aussi de nos autorités de Sotelgui. En entendant tout est arrêté à la Sotelgui et c’est grave pour une société mère. ’’ Aujourd’hui dans ce service, un comité de veille a été mis en place au lendemain du mouvement de revendication du 23 Avril.

Les travailleurs, étant dans une impasse et ne sentant plus l’existence de leur syndicat, ont mis en place ce comité de veille qui a répertorié certains points de revendications notamment le paiement des salaires, le paiement intégral de certaines primes qui étaient un droit reconnu aux travailleurs, la restitution du montant collecté au titre de la mutuelle. Si ce comité se réjouit du paiement intégral du montant revendiqué par l’ensemble des travailleurs soit 3 milliards 600 millions et quelques poussières, il se dit inquiet de la situation actuelle. ‘’Une entreprise de Telecom a pour rôle de fournir un service, et à la Sotelgui, ce service n’existe plus. On parle de mauvaise gestion mais il faudrait tout d’abord savoir de quand elle date. On nous a parlé d’un audit mais il y a une opacité sur les résultats et ça crée la suspicion.’’ Nous a dit Condé Ahmed Sayon, le président du comité de veille de la Sotelgui.

En effet, la Sotelgui a été soumise à un audit dite stratégique avant sa fermeture. Pour ce qui est du résultat de cet Audit, les travailleurs disent ne pas en être informés. Un audit que le gouvernement a jugé nécessaire de commander, pour en savoir plus sur la situation de la Sotelgui, partant du constat que cette situation devenait de plus en plus critique afin de lui permettre de prendre des décisions convenables. Du côté du comité de gestion de la Sotelgui, on nous a fait comprendre que cette structure est une recommandation de ce cabinet d’Audit. Et selon le co-président de ce comité de gestion, ils ont pour objectif d’arrêter la saignée financière au niveau de cette entreprise. ‘’ Ce qui est important de savoir, c’est que malgré la dégradation de la situation financière de la Sotelgui, les dirigeants continuaient à prendre de nouveaux engagements, ce qui ne faisait qu’alourdir la situation.’’ Nous a dit Mamadi Oumar Kéita.

Au delà du constat de la saignée financière et de la mise en place d’un comité de gestion pour stopper cela, le comité d’audit a ressorti d’autres problèmes réels de la Sotelgui. Il s’agit tout d’abord des questions financières. La société est aujourd’hui en cessation de paiement puisqu’elle ne peut pas faire face aujourd’hui à ses engagements. A preuve, la Sotelgui doit à votre quotidien plusieurs mois de factures de publicité impayées.

Aussi, il a été relevé la pléthore au niveau du personnel avec plus de 1900 travailleurs. Parallèlement à cela, il a été noté que la part de marché de la société a baissé depuis l’arrivée de la concurrence.
Une concurrence à laquelle Sotelgui n’était pas du tout préparée selon toujours le rapport d’audit. ‘’ Tout ce qu’on doit voir dans une entreprise normale, on ne le retrouve pas à la Sotelgui. Le manuel de procédure par exemple n’était pas d’application, ce qui ne peut qu’entrainer des problèmes.’’ Un autre problème non le moindre relevé par le cabinet d’audit est la vétusté des équipements. Entre 60 et 70 pour cent des équipements sont vieillissants d’où un énorme besoin d’investissement.

Des éléments qui prouvent à suffisance le besoin de procéder à une restructuration en profondeur de l’entreprise tant sur le plan technique, financier et celui des ressources humaines. Abordant la question des premières activités menées par le comité de gestion, on nous a parlé d’un comptage réel du personnel à travers un recensement biométrique pour voir la réalité. Ensuite, la question des cartes de recharge qui ont été cédées avec des rabais allant de 15 à 50 à des distributeurs. Un gros manque à gagner qu’il fallait corriger même si les distributeurs qui avaient promis de revenir à de meilleurs sentiments avec des reconnaissances de dettes n’ont pas assuré leur promesse. ‘’ C’est des chiffres à confirmer mais pour une estimation de plus deux à trois milliards de francs guinéens, nous n’avons reçu que 15O millions.’’

Le comité de gestion est aussi allé au cœur de l’exploitation où il a été constaté un système de fraude généralisée à tous les niveaux. Et le mal criard est selon le co-président du comité est la gestion du carburant. ‘’ Les gens ont tendance à vouloir utiliser le groupe électrogène à tout prix. Le système des batteries a été saboté à dessein pour n’utiliser que le carburant avec tout le détournement qui suit.’’

Dans le rapport d’audit est aussi noté, que tous les comptes de la société sont au rouge et dans toutes les banques. La Sotelgui en tant que société de téléphonie doit rapporter de l’argent à l’Etat et non lui en coûter. Très malheureusement, le choix des hommes, la mauvaise gestion sur tous les plans et surtout le manque de sanction sont les principales causes de la décadence de cette société étatique. Pour le commun des guinéens, c’est tout le système qui n’a pas fonctionné.

L’Etat n’a pas joué son rôle de suivi et de contrôle de la gestion de la société. Conséquence, la société est aujourd’hui fermée et les différentes structures mises en place telles que la Commission interministérielle, le comité de gestion ou encore le comité de veille ne parviennent toujours pas à faire voir le bout du tunnel. Le manque de communication aussi bien de l’Etat et de ces structures mises en place, en particulier vers les travailleurs et en général vers les guinéens, fait dire que c’est le statuquo total sur la situation de la Sotelgui.

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