En adoptant des mesures visant à améliorer la protection des données personnelles sur Internet, la Maison Blanche surfe clairement sur le mécontentement croissant des internautes à l’égard des méthodes de pistage utilisées par les géants du Web.
Par Sébastian SEIBT (texte)
C’est un petit bouton pour les géants du Web mais un grand pas pour le respect des données privées des internautes. C’est en tout cas ce qu’espère l’administration du président américain, Barack Obama, qui a obtenu auprès de 400 prestigieuses entreprises du Net, dont Google, Amazon ou encore eBay, qu’elles ne pistent plus les internautes lorsqu’ils appuient sur un bouton “Do not track” (“ne pas traquer”) intégré dans les navigateurs tels que Firefox ou Internet Explorer.
Jusqu’à présent la conservation des habitudes de navigation faisait le beurre des grands groupes tels que Google. Les informations recueillies servaient avant tout à personnaliser les publicités qui s’affichent lorsqu’on tape une recherche dans Google ou qu’on se renseigne sur le dernier livre à la mode sur Amazon. Des pratiques qui ne devraient donc dorénavant plus avoir cours si l’internaute décide d’activer la nouvelle fonction. Plus précisément, ces géants du Web se sont engagés à faire dans les neuf prochains mois le grand ménage dans les données personnelles qu’elles détiennent afin d’être prêts à obéir à la volonté des internautes.
L’administration Obama s’est d’autant plus réjouie d’avoir obtenu cet accord qu’elle a pu faire coup double. En parallèle, elle a en effet annoncé la parution, ce jeudi 22 février, d’une charte de protection des données personnelles des consommateurs. Un texte d’une cinquantaine de pages qui récapitule tous les moyens dont les internautes devraient disposer pour mieux contrôler ce que Google, Facebook et consorts font des données personnelles collectées. Cette charte donne, si elle est adoptée par le Congrès américain, aux individus le droit de refuser que des données collectées dans un contexte, comme par exemple lors d’une recherche Google, soient utilisées ailleurs comme pour créer des publicités personnalisées dans les boîtes mails. Les internautes auraient également le droit de savoir qui est responsable en cas de pertes ou d’utilisation abusive de données personnelles.
Scandales à répétition
“Ces principes reprennent tout ce que nous avons toujours demandé”, reconnaît Marc Rotenberg, le président du Centre américain d’information sur la protection des données personnelles au site spécialisé dans les nouvelles technologies CNET. Mais il regrette que le texte ne prévoit aucune mesure de coercition qui oblige les grands groupes à s’y soumettre. Ils auront beau jeu d’ignorer purement et simplement les recommandations de la charte.
L’offensive de charme de la Maison Blanche à destination des internautes soucieux du respect de leur vie privée profite également d’une récente série de scandales impliquant des grands noms du Web pris la main dans le sac d’une utilisation discutable des données personnelles. Ainsi, le roi des moteurs de recherche, Google, a-t-il dû reconnaître qu’il profitait des failles de Safari, le navigateur d’Apple, pour recueillir plus d’informations qu’il ne devrait sur les habitudes des internautes. Plusieurs applications très en vues sur smartphone, tel que le micro-réseau social Path, ont été critiquées pour obtenir, sans le consentement des utilisateurs, les informations concernant tous leurs contacts stockés sur le téléphone. Enfin, l’habitude pris par Facebook de collecter des informations sur les visiteurs d’un site où se trouve un bouton "j'aime", même si l’internaute en question n’utilise pas le célèbre réseau social, a été violemment dénoncée à la fin de 2011.
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