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Le Kenya, toujours plus branché

Envoi d’argent par téléphone, compte en banque sur mobile, plate-forme Web, conférences, formations ou encore village high-tech... En une dizaine d’années à peine, les Kényans sont passés experts en télécommunications.

Le safari photo dans les parcs animaliers, le Mont Kenya, les coureurs de fond, la vallée du Rift, les Masai, les plages de sable blanc de l’océan Indien... On ne compte plus les atouts et les emblèmes du Kenya. Mais depuis quelques années, ce pays d’Afrique de l’Est n’est pas non plus en reste question nouvelles technologies. Un récent rapport de la Banque mondiale pointe une croissance de 20% par an sur la dernière décennie en ce qui concerne le développement des technologies de l’information et de la communication au Kenya.
Si donner au Kenya et à sa capitale Nairobi le surnom de«Silicon Valley africaine» est un peu présomptueux, il faut tout de même reconnaître qu’on y trouve aujourd’hui toute une économie et un savoir-faire autour de la téléphonie mobile et de l’Internet. Un secteur en plein boom depuis la libéralisation opérée par le président Mwai Kibaki depuis sa première élection en 2002.
Le Kenya est en effet l’un des précurseurs en Afrique pour de nombreuses innovations, à commencer par son M-Pesa(pesa signifie «argent» en kiswahili). En effet, depuis 2007 il est possible d’envoyer de l’argent (dans la limite de 350 euros) à ses proches ou ses amis par téléphone mobile. Terminées les longues files d’attente à la banque. Il suffit pour cela de se rendre dans un centre de son opérateur et de donner le numéro de téléphone du bénéficiaire; quelques minutes plus tard, celui-ci reçoit un SMS qu’il doit montrer afin de retirer son argent dans n’importe quelle agence du pays. Il est aussi possible de payer ses notes d’électricité, d’eau, ou de satellite par ce biais.
Au Kenya, on estime que 15 millions de personnes —sur une population voisine de 40 millions— utilisent le transfert d’argent par téléphone. Chaque mois, près de 200 millions d’euros sont envoyés de cette manière à travers le pays. Il s’agit tout simplement d’un record mondial: aucun autre pays de la planète ne possède un tel système d’envoi d’argent par téléphone aussi développé et utilisé.
Compte épargne mobile
Les banques ont elles aussi jeté leur dévolu sur ces nouveaux systèmes mobiles. Le pourcentage de Kényans possédant un compte en banque étant faible, surtout en zone rurale, elles se sont unies aux opérateurs téléphoniques pour proposer des comptes sur mobiles. Les premiers intérêts sont tombés sur les comptes épargne. Selon Safaricom, l’opérateur leader au Kenya, cette avancée a permis à 250.000 Kényans d’épargner, pour un montant total de 3 millions d’euros.
«Ce n’est pas une population qui a un compte dans une banque. Autrement dit, sans ce système de compte sur mobile, cette épargne n’existerait pas», a récemment reconnu le PDG de Safaricom, qui se taille la part du lion sur le marché avec plus de 80% des utilisateurs de cellulaires. Tout cela est évidemment très bon pour l’économie nationale: l’argent circule plus facilement et rapidement, et certains ont de véritables petits bas de laine dans leur téléphone.
Les agriculteurs, eux, trouvent bien pratique d’avoir accès aux prix des matières premières sur leur portable. Ils se trouvent ainsi moins lésés lors des achats et des ventes. Les plus excentrés peuvent, par ailleurs, communiquer avec les autorités sanitaires au sujet de leurs cultures et élevages. Ils reçoivent en instantané des conseils sur la marche à adopter en cas de maladies ou virus.
Les nouvelles technologies et le développement du réseau mobile sont également bénéfiques aux organisations de défense des droits de l’Homme, qui sont rapidement averties des crimes et délits commis. Là encore, c’est une avancée qui permet de savoir ce qu’il se passe dans les endroits les plus reculés.

La success-story d'Ushahidi

Au Kenya, Internet est symbolisé par le succès planétaire de la plate-forme Ushahidi (témoignage, en kiswahili). Lancée il y a trois ans durant les violences contestataires des partisans de Raila Odinga (aujourd’hui Premier ministre) contre la réélection de Mwai Kibaki, elle permet de répertorier sur une carte les alertes envoyées via SMS par la population.
Ushahidi a encore montré toute son utilité dans les heures qui ont suivi la double catastrophe japonaise du 11 mars 2011. Des étudiants japonais installés aux Etats-Unis se sont en effet servi d’Ushahidi pour aider les services de secours et les autorités. Depuis 2008, le service ne cesse d’être sollicité au cours de crises comme celle en République démocratique du Congo, en Haïti l’an passé, en Russie, à Gaza, mais aussi lors des élections en Inde en 2009 et au Brésil l’année dernière.
Sur les réseaux sociaux, les Kényans sont également très actifs. Ils créent des groupes sur Facebook, se connectent depuis leur smartphone; ils sont les premiers en Afrique de l’Est —devant les Ougandais— en terme de fréquentation Internet.

Un pays visionnaire

Au Kenya, on est surtout visionnaire quant à l’intérêt des nouvelles technologies pour la population. «Ceux qui ont actuellement le plus besoin d’Internet, ce sont les plus pauvres»,indique ainsi Bitange Ndemo, du ministère kényan de l’Information et de la Communication. Le Kenya réalise également un important travail de promotion et de veille. Des salons et des conférences sont organisés à Nairobi; ce sera notamment le cas au mois de juin avec la conférence Afri-Tech, dont le thème sera «Internet et le marketing digital». Il s’agit du plus grand rendez-vous africain consacré à cette thématique.
En outre, les formations universitaires se sont elles aussi adaptées au boom technologique, et pas seulement à Nairobi puisqu’on en trouve un peu partout à travers le pays: à Mombasa, la grande ville de la côte, mais aussi à Kisumu, sur les bords du lac Victoria, et à Eldoret dans la Vallée du Rift.
En moins de quinze ans, le chemin parcouru est immense. Mais au Kenya, le gouvernement ne compte pas s’arrêter là, puisqu’il prévoit de construire au sud-est de Nairobi un «village technologique» qui emploiera 80.000 personnes.
Arnaud Bébien

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